mercredi 16 janvier 2019

Under The Silverlake (2018) de David Robert Mitchell


Résultat de recherche d'images pour "under the silverlake"
Grosse déception après le buzz cannois de ce long métrage plongeant dans les méandres de Los Angeles au rythme d'une enquête surréaliste. Le film souffre d'une trame, d'un enjeu trop incertain, trop mineur pour emporter le spectateur et trouve son inspiration épisodiquement dans ses marges. Peut-être ne suis-je pas sensible au genre de la comédie satirique qui n'émeut ou ne fascine jamais.
A noter l'étrange choix de retrouver deux extraits de Monster de REM dans la bande son (de quoi se rappeler un album oublié, injustement probablement).

Note : *

Body Double (1984) de Brian De Palma

Résultat de recherche d'images pour "body double"

Controversé au moment de sa sortie, ce film l'est encore tout autant aujourd'hui. Revu avec des amis, aucun d'entre eux ne l'a vraiment aimé, dubitatif sur ce thriller qui énerve par l'inaction de son (anti)héros, qui désarçonne par son second degré teinté de mauvais goût, me laissant seul dans ma fascination perverse presque embarrassante.
Je conserve un souvenir troublant de ma première vision (je devais avoir 12 à 14 ans), révélant des formes étranges de conception du monde, leur part libidinale inavouable.
Aimer ce film, c'est réaliser son coming out. I like to watch dit le héros devenu acteur porno. Sans ce fétichisme, le scénario du film ne peut se déployer. Sans voyeur-spectateur, le cinéma n'existe pas et on le savait depuis Fenêtre sur cour, oeuvre de référence du film au même titre que Vertigo (la claustrophobie remplaçant le vertige et le double et même la nécrophilie s'immisçant également dans les interstices de 'histoire). De palma pousse le vice jusqu'au mauvais goût, en s'inscrivant en plein dans son époque, les années 80 dont il moque les tendances du moment (en prenant le risque de déstabiliser son spectateur en l'exposant dans une certaine outrance) du bling bling, à la vulgarité issue du porno, qu'il porte à son paroxysme dans la scène du centre commercial, moment ultime de fétichisme avec la cocasserie et le trouble associés.
Le héros incarne l'homme écartelé par ses désirs, qui ne peut sortir de sa dualité en aimant autant la grande bourgeoise (avec qui il flirte en imaginant une sexualité torride identique à ses réminiscences voyeuristes) que l'actrice porno avec qui il se rappelle le romantisme évanescent de l'élégante dame.

Rythmée par la petite musique entêtante du génial Pino Donaggio, De Palma nous concocte encore quelques scènes virtuoses et tend - comme souvent - à combler son désintérêt pour des scénarii parfaitement maîtrisés (l'histoire qui m'avait fasciné à l'époque m'est apparu rapidement élucidable grâce aux gros indices livrés).
Le décor hollywoodien est central, il rejoint au fond Mulholland Drive parmi ces films sur l'illusion d'Hollywood et le destin des acteurs / actrices ratés qui y galèrent, ici un héros qui se retrouve au chômage et finit dans le porno ou le film d'horreur érotique pour gagner sa vie . Derrière l'excitation du lieu magique et des promesses de puissance (sexuelle forcément), la solitude se manifeste dans ces fausses amitiés, ces amours trahis, dans ces lieux de vie que l'on imaginerait bondés et vivifiants que sont un centre commercial ou une plage mais qui se révèlent fades, dans un monde désenchanté. 
Pur objet de fantasme, Body Double laisse au bord du chemin les regards désabusés par un film "surréaliste" comme me dira une amie mais démasque ses adorateurs



Note : ****

mardi 8 janvier 2019

Halloween (1978) de John Carpenter et sa saga


Résultat de recherche d'images pour "halloween 1978"

Erigé au panthéon des films d'horreur, le premier chapitre des aventures sanglantes de Michael Myers mérite sa réputation flatteuse. Porté par une entêtante musique électronique signée par le réalisateur, ce slasher dévoile patiemment l'inquiétude grandissante dans le quotidien d'une bourgade américaine et prend son temps avant de faire advenir les scènes angoissantes et la figure mythique du méchant face à l'éternelle Jamie Lee Curtis.

Les épisodes suivants ne parviennent évidemment pas à atteindre ce sommet et se confrontent beaucoup plus vite aux scènes d'horreur. On notera toutefois le très drôle épisode du spa dans le deuxième épisode, série B de facture correcte.

Quant à la version 2018, elle prend le choix de débuter son action en dévoilant presque Michael Myers sans son masque. Omniprésent tout au long du film, il perd de son charisme tant la figure du mal s'imprègne en nous par ses absences avant de surgir d'un geste fatal. Au lieu de cela, on retrouve des gestes mécaniques, des scènes peu innovantes, qui au final ne font jamais vraiment peur. Le film initie aussi une dimension plus dramatique dans le retour du face-à-face entre Laurie et Michael mais ne parvient pas à tenir sa promesse dans ce domaine. 


Notes :  Halloween, la nuit des masques :  ***
              Halloween 2 :                               *(*)
              Halloween 2018 :                          (*)

vendredi 4 janvier 2019

Le grand alibi (1950) de Alfred Hitchcock


 Résultat de recherche d'images pour "le grand alibi 1950"

Mal aimé de la filmographie du grand Alfred, Le Grand Alibi mérite pourtant mieux que son déclassement. Il contient déjà la puissance d'image (ses gros plans sur les visages ou les objets, ses jeux de lumière) de son successeur (L'Inconnu de Nord-Express) sans en atteindre le rang de chef d'oeuvre, faute d'une tension dramatique et d'un scénario suffisamment tenu (ainsi la touche de perversité incarnée par cette saisissante idée de la poupée est aussi forte qu'elle paraît vaine dans le déroulement de l'histoire).

Le film a été décrié par son  flash back inaugural, renié par Hitchock lui-même. La duperie se révèle cependant aujourd'hui très contemporaine dans le cinéma moderne et le choix peut apparaître même avant-gardiste. Le réalisateur nous avait en outre averti dès l'ouverture du film avec ce rideau qui se lève sur un décor de Ville, sujet à représentation et dès lors peu tenu à exprimer toute forme de vérité.

Traversé par quelques scènes de flottement mais porté par deux actrices formidables, Le Grand Alibi parvient à nous emmener agréablement jusqu'à sa scène finale très réussie.

Note : **

jeudi 3 janvier 2019

Bienvenue Mister Chance (1979) de Hal Ashby


Image associée
Peter Sellers, dans un de ses derniers rôles, joue un jardinier à l’intelligence limitée. Cantonné dans la maison de son patron et n'approchant la réalité qu’au travers de la télévision, il finit par s’y confronter au décès de celui-ci
Heurté par un véhicule, il est pris en charge par l’entourage d’un vieux sénateur mourant qui va trouver en Mr Chance une sagesse alimentée par ses expressions laconiques prises au second degré.
Le film, sans apparat et d'un abord froid, manque d'élan et maintient artificiellement une duperie inconsciente mais il en émerge quelques épisodes cocasses, générant au final une digne et agréable comédie

Note : *(*)

Burning (2018) de Lee Chang-Dong

Résultat de recherche d'images pour "burning 2018"
Sensation au festival de Cannes (en repartant toutefois bredouille), ce film coréen s’ouvre sur un chronique sentimentale contemporaine entre deux jeunes adultes à la recherche de leur place dans la société (Jongsu, le taciturne qui désire écrire son premier roman et Haemi, plus délurée, à la recherche de sens). Leur relation naissante aux contours incertains est bientôt bousculée par l’arrivée d’un troisième personnage, le jeune et riche Ben, qui s’éprend de la jeune fille tout y intégrant la compagnie de Jonsu). 
D’une variation sur le triangle amoureux, le film change de dimension à l’issue d’une scène splendide où les 3 protagonistes se retrouvent dans la maison familiale de Jongsu, à la frontière entre les deux Corées. Les langues, les sentiments et les gestes se délient. Ben dévoile son addiction, Haemi son corps et Jongsu son amour. Mais Haemi disparaît et Jongsu ne peut se résoudre à cette absence. S’en suit un scénario plus proche du thriller à la tension palpable magnifiquement entretenue par une atmosphère mystérieuse entre terre et feu, plongée dans les errements ou l’imagination du héros.  
Le film ouvre le champ des sens envoûtant le spectateur dans ses déplacements entre la ville et la campagne, traite sous la surface les rapports de classe avant de se refermer dans son (brûlant) épilogue (réel ou fantasmé). Une splendeur

Note:  ****