dimanche 9 décembre 2018

Mektoub my love - Canto uno (2018) de Abdellatif Kechiche

Résultat de recherche d'images pour "mektoub my love"

A. Kechiche livre un film limpide et sensuel en évoquant les émois d'un groupe de jeunes adultes dévorant l'été dans le sud de la France, autour du personnage central d'Amin de retour dans sa famille pour ses vacances.
Dans un film à la tension sexuelle électrisante, Kechiche renonce, après la scène initiale, à la moindre scène de sexe explicite pour privilégier l'expression du désir qui parcourt les personnages.
Des désirs flamboyants parfois impossibles à assouvir. Ainsi en va-t-il pour le personnage d'Amin, beau gosse, à qui tout semble promis pour lui permettre de profiter de cette jeunesse si courte (comme lui rappelle fréquemment sa mère) . Mais il n'appartient pas à tout le monde de s'épanouir pleinement dans un groupe, de flirter avec la personne qui monopolise son attention.
Pour Amin, c'est Ophélie, cette amie d'enfance dont il surprend - au début du film - les ébats avec Tony son cousin. Dans sa position de voyeur, il découvre une jeune femme charnelle sous un angle  suscitant de nouveaux sentiments  sans parvenir à transformer l'amitié existante.
On connait le talent de Kechiche à exprimer des sentiments forts, violents, de passion, de déception, de frustration et cette fois, il l'exprime dans une magnifique scène en boite de nuit où les corps se libèrent, miment l'acte sexuel, font monter le désir d'Amin spectateur incapable de rejoindre la scène.

Un film lumineux, qui exalte la vie au quotidien dans l'abondance des sentiments en circulation et la difficulté à en trouver l'équilibre. Il ouvre un océan de possible, source de liberté en rappelant qu'elle n'est pas synonyme de satisfaction.

Note : ****



Un couteau dans le coeur (2018) de Yann Gonzalez

Résultat de recherche d'images pour "un couteau dans le coeur"

Avec son deuxième film, Yann Gonzalez poursuit sa veine anti-naturaliste et l'inscrit dans un des genre les plus maniéristes : le Giallo italien. A la fin des années 70, une réalisatrice de films pornos gay  (Vanessa Paradis) voit ses acteurs être assassinés sauvagement et se retrouve à mener l'enquête.
Le film navigue au delà du thriller (dont il respecte les codes) pour emprunter tour à tour le drame amoureux ou la comédie.
Ce mélange nuit parfois à l'ensemble, avec une difficulté de prendre le film au premier degré.
Mais la poésie et la créativité du réalisateur emporte l'adhésion tant il donne de lui-même dans l'exploitation de ses fantasmes en convoquant des figures tutélaires comme Dario Argento, Brian De Palma que des références plus underground.
Gonzalez excelle dans les saynètes pastichant le porno autant qu'il fascine dans les scènes de meurtre d'une inventivité folle.
Le film a suscité autant le rejet que l'adhésion parmi les critiques du dernier festival de Cannes.
De mon côté, admirateur des références du réalisateur, j'ai été totalement emballé par sa relecture du genre, par ses idées de cinéma nombreuses qui nous sortent du conformisme ambiant des films d'horreur, par sa direction d'acteurs (la joie de revoir V. Paradis, R. Bohringer et le magnifique Nicolas Maury).
Une réussite envoûtante pleine d'images en mémoire et de foi dans le cinéma

Note : ***(*)

(*) Intéressant/passable
(**) J'aime
(***) J'aime beaucoup
(****) J'adore