mardi 5 février 2019

L'étrange vice de Mme Wardh de S. Martino (1971)

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Premier giallo de Sergio Martino, ce film incarne la quintessence du genre. De l'érotisme au film policier teinté de scènes d'horreur bien senties. Si l'histoire paraît parfois alambiquée et sa résolution peine à convaincre, l'intérêt du film se porte ailleurs, dans la réussite des scènes d'angoisse et de meurtres, par le choix de l'actrice principale (Edwige Fenech) très convaincante en femme délaissée par son mari et désemparée par le harcèlement dont elle est victime.
Un giallo un peu confus mais charmant qui plaira aux amateurs du genre.

**

Mes provinciales de J-P Civeyrac (2018)

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Ce film s'est avéré pour moi une complète déception. Il croule sous les références  et s'exprime au travers d'elles faute de pouvoir imprimer à sa propre histoire un quelconque intérêt, peu servi il est vrai par un choix d'acteur principal peu enthousiasmant.

Note : (*)

Sauvage de C. Vidal Naquet (2018)

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Premier film du réalisateur, Sauvage est une immersion au plus près (façon quasi documentaire) dans la vie d'un jeune prostitué masculin, suivant ses états d'âme, ses petits moments de joie mais surtout ses galères. Un sujet de film déjà exploré et qui demeure emprunt d'un certain classicisme tant sur le plan de la mise en scène que du scénario. Mais comme ce sont les acteurs qui font un film, Felix Maritaud le porte avec énergie et sensibilité de manière très convaincante. Il parvient à apporter toutes les nuances au personnage qui cherche autant l'amour qu'une forme de liberté impossible et constitue le premier motif de réussite de ce film attachant.

**(*)

mercredi 16 janvier 2019

Under The Silverlake (2018) de David Robert Mitchell


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Grosse déception après le buzz cannois de ce long métrage plongeant dans les méandres de Los Angeles au rythme d'une enquête surréaliste. Le film souffre d'une trame, d'un enjeu trop incertain, trop mineur pour emporter le spectateur et trouve son inspiration épisodiquement dans ses marges. Peut-être ne suis-je pas sensible au genre de la comédie satirique qui n'émeut ou ne fascine jamais.
A noter l'étrange choix de retrouver deux extraits de Monster de REM dans la bande son (de quoi se rappeler un album oublié, injustement probablement).

Note : *

Body Double (1984) de Brian De Palma

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Controversé au moment de sa sortie, ce film l'est encore tout autant aujourd'hui. Revu avec des amis, aucun d'entre eux ne l'a vraiment aimé, dubitatif sur ce thriller qui énerve par l'inaction de son (anti)héros, qui désarçonne par son second degré teinté de mauvais goût, me laissant seul dans ma fascination perverse presque embarrassante.
Je conserve un souvenir troublant de ma première vision (je devais avoir 12 à 14 ans), révélant des formes étranges de conception du monde, leur part libidinale inavouable.
Aimer ce film, c'est réaliser son coming out. I like to watch dit le héros devenu acteur porno. Sans ce fétichisme, le scénario du film ne peut se déployer. Sans voyeur-spectateur, le cinéma n'existe pas et on le savait depuis Fenêtre sur cour, oeuvre de référence du film au même titre que Vertigo (la claustrophobie remplaçant le vertige et le double et même la nécrophilie s'immisçant également dans les interstices de 'histoire). De palma pousse le vice jusqu'au mauvais goût, en s'inscrivant en plein dans son époque, les années 80 dont il moque les tendances du moment (en prenant le risque de déstabiliser son spectateur en l'exposant dans une certaine outrance) du bling bling, à la vulgarité issue du porno, qu'il porte à son paroxysme dans la scène du centre commercial, moment ultime de fétichisme avec la cocasserie et le trouble associés.
Le héros incarne l'homme écartelé par ses désirs, qui ne peut sortir de sa dualité en aimant autant la grande bourgeoise (avec qui il flirte en imaginant une sexualité torride identique à ses réminiscences voyeuristes) que l'actrice porno avec qui il se rappelle le romantisme évanescent de l'élégante dame.

Rythmée par la petite musique entêtante du génial Pino Donaggio, De Palma nous concocte encore quelques scènes virtuoses et tend - comme souvent - à combler son désintérêt pour des scénarii parfaitement maîtrisés (l'histoire qui m'avait fasciné à l'époque m'est apparu rapidement élucidable grâce aux gros indices livrés).
Le décor hollywoodien est central, il rejoint au fond Mulholland Drive parmi ces films sur l'illusion d'Hollywood et le destin des acteurs / actrices ratés qui y galèrent, ici un héros qui se retrouve au chômage et finit dans le porno ou le film d'horreur érotique pour gagner sa vie . Derrière l'excitation du lieu magique et des promesses de puissance (sexuelle forcément), la solitude se manifeste dans ces fausses amitiés, ces amours trahis, dans ces lieux de vie que l'on imaginerait bondés et vivifiants que sont un centre commercial ou une plage mais qui se révèlent fades, dans un monde désenchanté. 
Pur objet de fantasme, Body Double laisse au bord du chemin les regards désabusés par un film "surréaliste" comme me dira une amie mais démasque ses adorateurs



Note : ****

mardi 8 janvier 2019

Halloween (1978) de John Carpenter et sa saga


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Erigé au panthéon des films d'horreur, le premier chapitre des aventures sanglantes de Michael Myers mérite sa réputation flatteuse. Porté par une entêtante musique électronique signée par le réalisateur, ce slasher dévoile patiemment l'inquiétude grandissante dans le quotidien d'une bourgade américaine et prend son temps avant de faire advenir les scènes angoissantes et la figure mythique du méchant face à l'éternelle Jamie Lee Curtis.

Les épisodes suivants ne parviennent évidemment pas à atteindre ce sommet et se confrontent beaucoup plus vite aux scènes d'horreur. On notera toutefois le très drôle épisode du spa dans le deuxième épisode, série B de facture correcte.

Quant à la version 2018, elle prend le choix de débuter son action en dévoilant presque Michael Myers sans son masque. Omniprésent tout au long du film, il perd de son charisme tant la figure du mal s'imprègne en nous par ses absences avant de surgir d'un geste fatal. Au lieu de cela, on retrouve des gestes mécaniques, des scènes peu innovantes, qui au final ne font jamais vraiment peur. Le film initie aussi une dimension plus dramatique dans le retour du face-à-face entre Laurie et Michael mais ne parvient pas à tenir sa promesse dans ce domaine. 


Notes :  Halloween, la nuit des masques :  ***
              Halloween 2 :                               *(*)
              Halloween 2018 :                          (*)

vendredi 4 janvier 2019

Le grand alibi (1950) de Alfred Hitchcock


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Mal aimé de la filmographie du grand Alfred, Le Grand Alibi mérite pourtant mieux que son déclassement. Il contient déjà la puissance d'image (ses gros plans sur les visages ou les objets, ses jeux de lumière) de son successeur (L'Inconnu de Nord-Express) sans en atteindre le rang de chef d'oeuvre, faute d'une tension dramatique et d'un scénario suffisamment tenu (ainsi la touche de perversité incarnée par cette saisissante idée de la poupée est aussi forte qu'elle paraît vaine dans le déroulement de l'histoire).

Le film a été décrié par son  flash back inaugural, renié par Hitchock lui-même. La duperie se révèle cependant aujourd'hui très contemporaine dans le cinéma moderne et le choix peut apparaître même avant-gardiste. Le réalisateur nous avait en outre averti dès l'ouverture du film avec ce rideau qui se lève sur un décor de Ville, sujet à représentation et dès lors peu tenu à exprimer toute forme de vérité.

Traversé par quelques scènes de flottement mais porté par deux actrices formidables, Le Grand Alibi parvient à nous emmener agréablement jusqu'à sa scène finale très réussie.

Note : **